La culture des tomates

Déjà cultivée au 5e siècle puis répandue au 16e siècle par les Espagnols, la tomate, cette reine du potager, est le fruit* le plus cultivé au monde et est maintenant l’objet d’une industrie très profiteuse.

La tomate est réputée être facile de culture, mais son entretien peut intimider les nouveaux jardiniers: c’est une plante gourmande qui nécessite certains soins particuliers. Toutefois, le jardinier patient et attentionné sera généreusement récompensé par une abondante récolte. 

Le goût d’une tomate fraîchement cueillie du jardin n’est nullement comparable à celui d'une tomate achetée au supermarché, c'est bien connu!

 * En botanique, la tomate est considérée comme un fruit puisqu’elle est le produit d’une fleur.

Quelle tomate choisir ? 

Parler de toutes les variétés de tomates est impossible : il en existe des milliers pour différents usages et pour répondre à tous les goûts. Certains cultivars sont traditionnellement produits au Québec, mais de nouvelles variétés font leur apparition chaque année dans les pépinières québécoises afin d’élargir l’éventail de saveurs offertes.

Pour choisir la variété de tomates qui vous convient le mieux, vous devez vous poser quelques questions : 

Quel est l’espace disponible ?

Certaines variétés vont rester plus petites et prendre moins d’espace. Les micro-tomates peuvent même être cultivées à l’intérieur de la maison! 

Quel usage je veux faire de mes tomates ? Est-ce pour manger en salade ou faire des sauces ?

Certaines tomates sont plus juteuses alors que d’autres seront plus charnues et conviendront mieux à la transformation. Si votre but est de manger des tomates fraîches en salade, vous risquez d’être déçus par une tomate italienne destinée à faire des sauces ou par une tomate de conservation destinée à être séchée : la texture de ces tomates, quand non transformées, peut-être pâteuse, voire farineuse, et leur saveur plutôt quelconque. 

Est-ce que je veux toutes mes tomates en même temps ou j’aimerais pouvoir en profiter sur une plus longue période?

Il peut être profitable d’avoir une seule récolte abondante (par exemple pour faire des sauces) plutôt que d’avoir plusieurs petites récoltes jusqu’aux premières gelées.  

Est-ce que je veux une tomate traditionnelle, semblable à ce que je retrouve sur les étalages de l’épicerie, ou je veux découvrir de nouvelles saveurs ?

Il existe d’innombrables variétés qui ne sont pas toujours disponibles dans les supermarchés, comme la tomate blanche. Ce choix est entièrement personnel. 

Les calibres 

Tomate groseille 

Elles sont minuscules! De toutes petites tomates (de 3 à 4 gr seulement) très sucrées qui sont portées par un plant extrêmement productif et si généreux qu'il vous sera difficile de tout récolter. Elles se mangent fraîches en collation.  

Variété à essayer : Petit moineau (rouge, sur la photo)  

Tomate cerise 

Destinée à être mangée fraîche, cette petite tomate est généralement très sucrée et accompagne parfaitement les salades et trempettes. Ronde, allongée ou en forme de poire, elle est particulièrement appréciée des enfants. 

Variétés à essayer Super sweet 100 (rouge sur la photo), Sugar gloss (rouge), Cupid (rose).

    

Tomate cocktail 

Plus grosse que la tomate cerise, cette tomate est charnue, juteuse et possède un arrière-goût sucré et fruité. Elles peuvent être dégustées fraîches ou cuisinées en sauce, farcies ou rôties. 

Variétés à essayer:  Black cherry (noire, sur la photo), Little Napoli (rouge)

Tomate italienne 

Ce sont des tomates très charnues, à la chair ferme et dense, peu juteuse, et qui contiennent peu de graines. Au goût acidulé et prononcé, elles sont parfaites pour être transformées en sauce. Elles sont habituellement de formes allongées et elles ont l’inconvénient d’être sensibles à la nécrose apicale (aussi nommé cul noir). 

Variétés à essayer : Roma (rouge, sur la photo),  Gladiator (rouge), Big Mama (rouge)

 

Tomate standard 

Offerte en différentes formes et couleurs, cette tomate est charnue et juteuse. Ces tomates possèdent généralement un bon goût équilibré entre le sucré et l’acidité. C’est habituellement le type de tomate qui est acheté à l’épicerie. 

Variétés à essayer : Super Fantastique (rouge), Rose de berne (rose, sur la photo).

 

Tomate beefsteak 

Ce sont de grosses tomates charnues et juteuses avec une excellente saveur douce. Elles sont idéales en salsa, sauce, trempette, en sandwich, mangées fraîches ou sur le grill. Elles sont toutefois extrêmement gourmandes en engrais et moins productives que les autres types. 

Variétés à essayer : Cœur de bœuf (rouge), Marmande (rouge, sur la photo)

Les différentes couleurs de tomates 

Les tomates rouges 

Elles ont un haut taux de lycopène accompagné d’un bon goût de tomate. Certaines variétés sont moins sucrées et peuvent être un peu acides. 

Variété à essayer : Sugar gloss (cerise, sur la photo)

Les tomates roses 

Elles ont un goût plus sucré et sont moins acides que les tomates rouges. Elles sont habituellement plus juteuses et sont consommées fraîches. 

Variétés à essayer : Brandywine rose (beefsteak), Pink girl (standard, sur la photo)

Les tomates noires 

Elles ont un taux de lycopène encore plus élevé avec un goût très prononcé.

Variétés à essayer : Chocolate sprinkle (cerise), Paul Robeson (standard, sur la photo).  

 

Les tomates vertes 

Ce sont les tomates les plus douces et sont très sucrées. Elles sont un bon équilibre acide-sucre.

Variétés à essayer : Green Zebra (standard, sur la photo)

Les tomates bigarrées 

Elles ont un goût plus fruité avec un bon équilibre acide-sucre. Elles sont des valeurs sûres en apéritif et en salades. 

Variétés à essayer : Bumble Bee (cerise), Ananas (standard, sur la photo)

Les tomates orange 

Ce sont celles avec le plus haut taux en vitamine A et en caroténoïdes. Elles sont réputées pour être sucrées. 

Variétés à essayer : Chef’s Choice Orange (standard), Sungold (Cerise, sur la photo)

Les tomates jaunes 

Elles ont un faible taux en lycopène et sont plus acides que les tomates rouges et les oranges. 

Variétés à essayer : Poire jaune (cocktail, sur la photo), Gold Mine (standard), Lemon cherry (cerise)

 

Plant au port déterminé ou indéterminé ?  

Toutes les variétés de tomates sont classées en deux catégories : déterminé ou indéterminé. Il est important de savoir de quel type votre plant de tomate est, car sa condition de culture en sera affectée.  

Déterminé  

Ce sont des plants avec une hauteur maximale connue. Le plant produira une quantité définie de bouquets de fleurs avant d’arrêter de croître : les tomates sont donc prêtes toutes en même temps.Un plant déterminé est idéal pour les personnes avec un espace restreint, car la plupart des plants mesureront moins d’un mètre de haut à pleine maturité. Pour la production de sauce ou autre produit transformé, il peut être intéressant d’avoir ce genre de plant afin que les tomates soient prêtes toutes en même temps et en bonne quantité. 

Variétés à essayer : Little Nappoli (Italienne rouge), Manitoba (standard rouge).

 Indéterminé  

Genre le plus courant. Le plant peut croître à plus de 1,5-2 m de haut et produira des tomates sur une plus longue période (habituellement jusqu’aux premières gelées), mais en plus petites quantités à la fois.  

Variétés à essayer : Marmande (Standard rouge), Summer cider (Beefsteak apricot).  

Il existe maintenant des tomates au port semi-déterminé : elles se comportent comme des déterminés, mais peuvent prendre les dimensions d’une tomate indéterminée comme la variété Célébrité (standard rouge). 

Pour la culture dans la maison ou même en panier suspendu, il existe des plants de micro-tomates qui font 30 centimètres à pleine maturité. Elles ont un port déterminé et habituellement donnent une récolte hâtive. Même si le plant est qualifié de « micro», les tomates sont de grosseurs cerises et sont très savoureuses! Essayez les variétés Red Robin (rouge), Pinnochio Orange (orange), Birdie Rouge (rouge), Yellow Canary (jaune) et Rosy finch (rose). Attention, il faut bien protéger le feuillage de la pluie si planté à l’extérieur. Puisque le plant est petit, il est rapproché du sol et plus sensible aux maladies fongiques causées par un surplus d’humidité. 

Les tomates au potager  

Une fois que tout risque de gel est passé et que les nuits font au minimum 10°C, vous pouvez transférer vos semis de tomates au potager.  

Acclimatation  

Vos plants partis dans la maison, même sous les meilleures lampes de culture, ne sont pas habitués à la puissance du soleil. Si vous sortez directement vos plants au gros soleil, vous risquez de les brûler et de perdre tout votre travail. L’acclimatation des plants à l’extérieur prend généralement 7 jours. Commencez avec une journée nuageuse, sans gros vents, et placez vos semis à l’ombre avant de les remettre à l’intérieur de la maison pour la nuit. Le lendemain, augmentez la durée à quelques heures et, au fil des jours, exposez de plus en plus vos semis au soleil jusqu’à les mettre à leur emplacement final au potager. Si vous n’avez pas d’espace à l’ombre (ex. sous une table patio ou près d’un arbre), vous pouvez vous munir de toiles flottantes que vous repliez en quelques épaisseurs pour protéger vos plants. 

La plantation  

Les tomates peuvent être cultivées en pot (minimum de 5 galons, mais idéalement de 20 à 25 galons pour des tomates au port indéterminé), mais elles sont encore mieux en pleine terre. Choisissez un terreau approprié pour votre type de plantation (Terreau contenant pour potager urbain 30 L pour la culture en contenant ou Terreau de plantation Passion Jardin 30 L pour la culture en pleine terre) et ajoutez une généreuse quantité de compost, tel le Compost tourbe et crevettes 30L au mélange (en pot, le compost compose 1/3 du mélange final). Ne mettez pas le compost en contact direct avec les racines au risque de les brûler : mélanger de façon uniforme avec le terreau. 

Enterrez votre plant jusqu’aux premières feuilles. Vous pouvez retirer les feuilles du bas du plant afin d’enterrer plus profondément le plant. Les tomates ont l’avantage de pouvoir développer des racines sur leur tige principale. En les enterrant plus profondément, le plant développera plus de racines, sera ancré plus solidement au sol, sera en meilleure posture pour aller chercher les nutriments du terreau et résistera plus facilement aux maladies telles que la nécrose apicale

Les tomates sont particulièrement gourmandes en calcium. Afin de contrer la nécrose apicale, une maladie reliée à une carence en calcium, rajoutez du Bionik calcium marin au fond du trou de plantation (selon les quantités recommandées sur l’emballage). Finalement, ajoutez une dose de fumier de poulet en granules comme l'Engrais naturel fleurs et potager 4-5-7, ou un autre bon engrais pour potager, autour du plant selon les directives du fabricant pour éviter toute carence en nutriments. 

N’oubliez pas de tuteurer vos plants, particulièrement si ce sont des variétés au port indéterminé. Dans la nature, les plants de tomate sont une espèce de couvre-sol rampants qui peuvent s’étaler sur plusieurs mètres (en serres, les plants de tomate peuvent atteindre plus de 10 mètres!). Il est donc nécessaire de les tuteurer afin de les contenir et de faciliter la cueillette. Choisissez une cage à tomate solide et installez-la dès la plantation afin de ne pas déranger les racines. Lors de la croissance de vos plants, guidez-les afin de les contenir dans la cage à tomate. Il est possible qu’il soit nécessaire d’ajouter au cours de l’été un tuteur en bambou si les plants prennent une dimension imprévue et qu’il est nécessaire de les maintenir droit (autrement ils peuvent casser sous le poids des fruits!). Utilisez des attaches spécialisées et ne les serrez pas trop afin de permettre la croissance de la tige et pour éviter de sectionner le plant sous la pression. 

L’arrosage  

L’arrosage est l’élément capital de réussite de la culture de la tomate. Si les plants manquent d’eau ou, à l’inverse, s’ils sont inondés en permanence, les racines vont se détériorer et le plant ne sera plus en mesure de s’alimenter convenablement. Rapidement, le plant présentera des maladies, des carences et s’affaiblira progressivement en compromettant la récolte. L’idéal est de maintenir l’humidité dans le sol sans que la terre soit détrempée. Avant d’arroser, attendez que le sol en surface soit sec sur 5 à 10 cm. Un hygromètre peut vous être utile pour mesurer le niveau d’humidité dans votre sol. Afin d’éviter certaines carences comme la nécrose apicale (ou cul noir de la tomate), il est important d’être régulier dans vos arrosages : les plants ne doivent pas sécher complètement ni recevoir trop d’eau.  

Si les plants sont à l’extérieur et qu’ils peuvent être arrosés par la pluie, vérifiez tout de même s’ils ont reçu suffisamment d’eau : la terre en surface peut être trompeuse. C’est d’ailleurs important de planter les plants de tomate dans un sol bien drainé qui n’accumule pas l’eau de la pluie en cas d’été particulièrement pluvieux.  

Finalement, pour éviter les chocs thermiques il ne faut pas arroser avec de l’eau froide un après-midi d’une journée à 35°C. Préférez arroser vos plants le matin : ils sont alors en mesure d’assimiler l’eau grâce à la photosynthèse. Il est possible d’arroser le soir également, mais il y a plus de chance que l’eau stagne dans la terre et cause des dommages aux racines.  

La fertilisation  

Comme mentionné plus tôt, les plants de tomate sont des plantes très gourmandes en nutriments et puisent beaucoup d’énergie au sol. Il faut donc les fertiliser et ajouter de l’engrais régulièrement.  

D’abord, quelle est la différence entre un engrais et un fertilisant ? L’engrais est généralement vendu sous forme liquide ou en granules pour nourrir la plante et le sol, puis disparaîtra graduellement. Le fertilisant s’utilise sur le sol pour aider à l’améliorer; par exemple le compost aide à aérer le terreau et lui apporte une texture plus propice au développement de la plante. Il est donc nécessaire de fournir à la plante les deux pour combler tous ses besoins.  

Lors de la plantation, on lui aura fourni un engrais sous forme de granules, du calcium ainsi qu’une bonne quantité de compost; les premiers besoins sont donc comblés. Par la suite, une fois par mois, rajoutez une dose de l’engrais de votre choix (le fumier de poulet en granulés fonctionne très bien). Vous pouvez compléter avec un engrais aux algues marines aux deux semaines.  

Au milieu de l’été, ajoutez une couche de compost autour de vos plants, ou à la surface de vos pots, que vous mélangerez aux premiers centimètres de terre. Cette action peut être combinée avec un ajout d’engrais à la fin du mois de juillet ou au début du mois d’août. 

Les gourmands  

Les gourmands sont sujets à controverse chez les jardiniers depuis la nuit des temps : doit-on les retirer ou les laisser sur le plant ? Les gourmands sont des branches secondaires qui se forment entre les ramifications de la tige principale. Bien qu’ils produisent éventuellement des fruits, ils consomment également l’énergie du plan. D’autre part, les feuilles des gourmands participent à la précieuse photosynthèse. Une récente étude scientifique a démontré que retirer ou non les gourmands ne changeait pas la quantité de tomates que le plant produira. Vous pouvez donc retirer ou non les gourmands selon vos préférences. Notez qu’il peut être judicieux de retirer quelques gourmands afin d’aérer le plant et d’éviter les maladies fongiques.  

Aoûter  

À la mi-août, couper la tête de vos plants de tomate au port indéterminé. Cela aura pour effet d’arrêter la croissance du plant et permettra à la plante de concentrer ses efforts sur la maturation des fruits.  

Les principales maladies de la tomate  

Plusieurs maladies et carences peuvent affecter les plants de tomates. Voici les plus communes : 

Nécrose apicale  

Causée par une carence en calcium (qui provient d’un manque de calcium dans le sol ou d’un manque de régularité dans l’arrosage), la nécrose apicale est l’imperfection la plus courante chez les tomates. Elle se reconnaît par une tache brunâtre sous la tomate, qui se ramollit et s’affaisse. Ce n’est pas une maladie en soi puisque lorsqu’on rajoute du calcium et qu'on surveille l’arrosage, le problème disparaît. Les fruits atteints de nécrose apicale sont tout de même comestibles en retirant la partie atteinte.  

Mildiou  

Le mildiou est une maladie fongique qui attaque d’abord le feuillage puis éventuellement les fruits lorsque la maladie est avancée. En premier lieu, elle se caractérise par des taches jaunâtres qui virent au brun en séchant sur le feuillage. Puis, le mildiou attaque les tiges en formant des taches brunes irrégulières. Au même moment, les fruits commenceront à présenter des taches similaires à la nécrose apicale. Cette maladie peut entraîner la perte de la récolte. Pour éviter cette maladie sur vos plants, espacez vos plants afin que l’air puisse circuler entre eux (les champignons adorent l’humidité!). Assurez-vous que le sol est bien drainé et n’arrosez jamais le feuillage. Finalement, optez pour des cultivars résistants à cette maladie. 

Face de chat  

C’est un trouble physiologique qui entraîne la malformation de la tomate, particulièrement au niveau de l’attache de la tomate à la tige (l’apex). Les fruits affectés deviennent déformés avec des crevasses brunes qui s’étendent en profondeur dans la chair. Ce sont en général les variétés de tomates à gros fruits qui y sont le plus sensibles. Ces déformations surviennent souvent lorsque les fleurs des tomates sont exposées à des températures inférieures à 15°C. Un engrais trop azoté lors de la floraison ou l’utilisation d’un herbicide/pesticide peut aussi entraîner ces déformations. Ce n’est toutefois pas une maladie et les autres fruits, produits par temps plus chaud, n’en seront pas affectés. 

En résumé, la culture de la tomate n’est pas si difficile : donnez-lui une terre riche, mais bien drainée, ajoutez du calcium, ajoutez de l’engrais de façon mensuelle et arrosez régulièrement vos plants (le matin de préférence). Si vous suivez ces conseils, vous aurez une récolte fructueuse cet été.